L’appel relayé ci-dessous est l’œuvre d’étudiants français en sciences économiques. En prélude au prochain Midi d’Econosphères (le jeudi 24 mars), une question : les frustrations décrites dans ce texte peuvent-elles être partagées par les étudiants belges ?
Nous sommes des étudiants en économie souhaitant exprimer notre mécontentement vis-à-vis de l’enseignement de cette discipline.
Plusieurs appels, lettres ouvertes et pétitions sont parus depuis 10 ans prouvant le caractère durable de ce malaise, sans qu’il y ait pour autant de profonds changements.
Nous avons intégré des formations en économie dans le but d’améliorer notre compréhension des mécanismes économiques. Force est de constater que notre connaissance de l’économie ne s’est pas accrue, et que nous sommes incapables d’analyser la majorité des évènements actuels. L’exemple le plus frappant est celui de la crise qui bouleverse l’économie mondiale : les outils enseignés au cours de nos études ne nous permettent pas de l’appréhender. D’aucuns auraient pu croire que les cours dispensés dans ces formations se seraient adaptés à la situation, or il n’en a rien été. Cette crise semble être également celle de l’enseignement de l’économie. Elle souligne l’urgence de changements dans les formations.
Nous pensons que notre compréhension des mécanismes économiques et sociaux ainsi que notre esprit critique ne peuvent que bénéficier d’une ouverture des parcours. Nous proposons pour cela d’intégrer un plus grand pluralisme à nos formations, à trois niveaux :
1. Une présentation des différents paradigmes, en ne faisant pas de la théorie néoclassique l’unique pilier des enseignements, afin de permettre des confrontations, des critiques croisées, des débats...
2. La place de l’épistémologie, de l’histoire de la pensée économique et de l’histoire des faits économiques doit être reconsidérée, elle est aujourd’hui trop marginale.
3. Les dialogues avec d’autres sciences humaines et sociales (sociologie, anthropologie, histoire, philosophie, géographie) doivent être systématisés à travers des approches thématiques. Des objets aussi divers que le chômage, les inégalités ou les choix de consommation sont par nature pluriels et ne peuvent être abordés que de manière transversale.
Il ne s’agit pas de rejeter l’apport des mathématiques, de la modélisation ou des méthodes statistiques en économie. Nous souhaitons simplement être dotés d’outils permettant de comprendre pleinement les fondements et les enjeux des phénomènes économiques.
Nous lançons donc un appel à tous les étudiants partageant des questionnements, des inquiétudes ou des frustrations similaires, les invitant à nous rejoindre, nous soutenir, afin de se mobiliser le plus largement possible pour un enseignement pluraliste dans le supérieur en économie.