Chaque année le nombre des réfugiés climatiques augmente, même s’il varie en fonction des conditions météorologique. Il atteint souvent 30% [1] et parfois 43% des migrants, comme en 2013 [2]. Le nombre de ces derniers s’accroit chaque année en direction des pays les plus riches, mais plus encore vers les pays en développement. Jusqu’où leur nombre grandira-t-il, 250 millions, 1 milliard, plus encore et à quelle échéance ? Quelles sont les raisons qui expliquent les migrations en général et quelles sont les solutions à ces problèmes de plus en plus prégnant ? Parmi les causes des migrations, la principale reste les guerres, puis les causes économiques. Cependant, on relève une proportion croissante des causes relatives à la montée des mers dans les zones agricoles, mais celles liées aux catastrophes naturelles et en particulier au rôle du dérèglement climatique : les inondations, les tempêtes et les sécheresses. Or, ces dernières paraissent être les plus graves à long terme puisqu’elles engendrent de la malnutrition, puis des famines et des décès.

A combien s’élève le nombre des réfugiés climatiques ?

Selon le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), « par rapport à la population totale de la planète Terre qui compte 7,4 milliards d’habitants, un être humain sur 113 est aujourd’hui déraciné ; il est demandeur d’asile, déplacé interne ou réfugié – ce qui les placent à un niveau de risque sans précédent dans toute l’histoire du HCR ». Entre 2008 et 2015, les catastrophes naturelles ont déplacé environ 203 millions de personnes à travers le monde, et les risques ont été multipliés par deux depuis les années 1970 [3]. Soit, en moyenne 29 millions de migrants par an liés aux problèmes environnementaux.

Selon le HCR le nombre de réfugiés a doublé en dix ans, entre 2015 et 2005 [4]. De plus, l’Organisation internationale pour les migrations – OIM, il y a eu plus de 3800 personnes par an qui se sont noyées durant leur migrations vers l’Europe et 5143 en 2016 [5]. C’est chaque année plus que les 2 973 morts durant les attentats du 11 septembre, notamment contre les tours jumelles de new York en 2001, mais cela ne suscite pas vraiment l’indignation de l’opinion publique, ni des médias et encore moins des gouvernements. On estime à 40 000 personnes : hommes, femmes et enfants noyés en Méditerranée entre 2000 et 2015.

Mais quelle est la part des réfugiés climatiques, par rapport à l’ensemble des migrants ?

On observe une hausse régulière des migrants dans le monde. En 2015, « le nombre de migrants internationaux – c’est-à-dire de personnes vivant dans un pays autre que celui où elles sont nées – a atteint 244 millions en 2015, soit une augmentation de 41% par rapport à 2000, selon l’ONU. Ce nombre inclut près de 20 millions de réfugiés », soit 8,1% des migrants et la majorité vit dans des pays en développement. Par conséquent, « le nombre de migrants internationaux a augmenté plus vite que la population mondiale. En conséquence, la part des migrants dans la population mondiale a atteint 3,3 % en 2015, contre 2,8 % en 2000 » [6]. Cela reste donc relativement faible en comparaison des tensions politiques que cela génère. « Il y a 50 ans, les migrants étaient trois fois moins nombreux (environ 75 millions en 1965), mais ils constituaient déjà 2,3 % de la population mondiale [7].

Le nombre des « réfugiés climatiques » recensés entre 2011 à 2014 s’élevait à 27,8 millions par an en moyenne durant cette période [8]. En 2015, selon The Internal Displacement Monitoring Centre (IDMC) il y eu 19,2  millions de personnes déplacées dans le monde du fait des phénomènes climatiques extrêmes [9], soit 29 % des migrants (toutes causes confondus) dans le monde, avec 65,3 millions [10] et sans doute 70 millions au 1er janvier 2017 [11]. C’est à dire l’équivalent de la population d’un pays comme la France.

Cependant, en 2013, la première cause des migrations fut prioritairement écologique et climatique. Selon le rapport annuel « Global Estimates du Conseil norvégien pour les réfugiés, 22 millions de personnes ont dû abandonner leur domicile en 2013 à la suite d’une catastrophe naturelle, soit trois fois plus que de personnes déplacées à cause d’un conflit. Sur ces 22 millions, 31% ont été déplacées à cause de désastres hydrologiques (inondations) et 69% à cause de catastrophes météorologiques (tempêtes, ouragans, typhons) » [12]. Les migrants climatiques représentaient près de 43% pour cent des 51,2 millions de migrants de 2013 [13].

En 2050, le nombre de réfugiés climatiques devrait atteindre 250 millions et peut-être même un milliard d’êtres humains… selon le HCR [14]. Le climat deviendrait donc la cause principale des migrations et viendrait faire quadrupler leur nombre en 2050, voire le faire multiplier par plus de 15, s’il atteint un milliard ! Et c’est sans compter les prévisions encore plus alarmistes du rapport Meadows, concernant les pressions écologiques et donc agricoles et alimentaires qui devraient s’exercer sur la démographie mondiale.

Qu’est-ce qui différencie un réfugié d’un migrant ?

Dans le langage courant les termes de migrants et de réfugiés sont souvent assez peu différenciés. Un réfugié reconnu par le droit signifie qu’il s’agit d’une personne, qui a obtenu le droit d’asile officiellement par un gouvernement, parce qu’il est persécuté dans son pays « du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un groupe social ou de ses opinions politiques » durant une période de guerre ou non selon la convention de Genève de 1951 [15]. Dans une guerre civile en particulier certains groupes sociaux sont persécutés.

Parmi les réfugiés relevant d’une catégorie juridique, il y a les réfugiés reconnus et ceux en attente de reconnaissance officielle. Ces derniers sont dénommés des demandeurs d’asile. Parallèlement à ces deux types de réfugiés de nature juridique, il y a les réfugiés de fait. C’est à dire ceux qui n’ont pas déposé de demande officielle pour obtenir le statut de réfugié ou qui n’ont pas fait leur demande officiellement, par exemple pour des motifs politiques ou à cause d’une guerre.

Puis, il y a les réfugiés de fait, sans catégorie juridique, c’est à dire ceux pour qui le droit n’a rien prévu, tels les réfugiés économiques et les réfugiés climatiques. Ainsi, « au niveau international, il n’y a pas de texte qui puisse véritablement servir de fondement juridique à la protection des “réfugiés environnementaux” » ou des réfugiés climatiques [16] et encore moins de réfugiés économiques. Cependant, le réchauffement climatique peut diminuer la production des paysans, qui sont alors contraints de migrer en devenant des migrants climatiques, mais donc aussi des migrants économiques. La pauvreté accroit les tensions politiques, les revendications et donc les guerres. La baisse des ressources en énergies non renouvelables, comme le pétrole, le gaz, l’uranium, les métaux attisent la compétition et les guerres néocoloniales pour ces ressources. Or, les guerres sont généralement les premières causes de migrations et accroissent encore les problèmes économiques, donc la malnutrition et les famines. Ces 4 facteurs diminuent les capacités physiques et intellectuelles des enfants malnutris, leur niveau d’éducation et donc le potentiel de production économique du pays. Ainsi, on observe que les problèmes climatiques, renforcent les problèmes économiques, qui renforcent les guerres, dans un cercle vicieux.

Par exemple, il y a eu « quelque 4 millions de réfugiés syriens ont quitté leur pays en guerre depuis 2011 » [17], c’est un nombre très important, il représente environ 20% des 21 millions d’habitants du pays de 2009. De Châtel explique que la guerre en Syrie a débuté en 2011, suite à 4 années de sécheresse, qui ont généré des problèmes agricoles, puis des revendications économiques, puis politiques. De plus, l’Etat avait mal géré le nombre de puits à creuser du fait de la pénurie d’eau. Selon les Nations Unies, sur les 21 millions d’habitants de la Syrie, il y a au moins 1,3 million de Syriens des zones rurales qui ont été touchés par cette grande sécheresse, dont 800 000 très durement. Au cours de la seule année 2009, plus de 300 000 agriculteurs auraient quitté le nord-est du pays pour cette raison. Les tensions alimentaires et économiques se sont concrétisées par une révolte contre un Etat autoritaire, lors de la vague de revendication démocratique initiée par le « printemps arabe » à partir de 2010 [18].

Il n’y a qu’une minorité de migrants économiques qui décident de quitter leur famille, leur pays et leur culture uniquement pour découvrir le monde ou par ambition ou curiosité. La majorité d’entre eux devraient donc être considérés comme des réfugiés économiques et non des migrants économiques (par choix). Si tous les réfugiés sont des migrants, à l’inverse certains migrants ne sont pas des réfugiés. L’Organisation international des migrations (OIM) définit ainsi les migrants : Ils « choisissent de quitter leur pays non pas en raison d’une menace directe de persécution ou de mort, mais surtout afin d’améliorer leur vie en trouvant du travail, et dans certains cas, pour des motifs d’éducation, de regroupement familial ou pour d’autres raisons. Contrairement aux réfugiés qui ne peuvent retourner à la maison en toute sécurité, les migrants ne font pas face à de tels obstacles en cas de retour. (...) Interchanger les deux termes détourne l’attention de la protection juridique précise dont les réfugiés ont besoin » [19].

La catégorie juridique de réfugié économique n’existe pas non plus juridiquement. C’est pourquoi, on les qualifie seulement de migrant économique. Cependant, les personnes en situation de misère économique sont parfois contraintes de migrer pour survivre. Elles devraient donc dans ce cas, plutôt être définies comme des réfugiés économiques, mais ce n’est pas le cas. Une des raisons réside dans le fait que la distinction est difficile à établir objectivement. Mais, c’est aussi parce que cela pourrait conférer certains droits, tel le droit au travail, le droit à une aide sociale ou médicale, que les gouvernements préfèrent éviter d’attribuer.

Pour résumer, parmi l’ensemble des migrants, il y a donc les réfugiés et les migrants économiques (c’est à dire par choix, si l’on peut dire). Au sein des différents types de réfugiés, il y a donc les réfugiés disposant du droit d’asile officiel, parce qu’ils sont persécutés dans leur pays et les réfugiés demandeurs d’asile qui tentent d’obtenir le statut de réfugié officiel. Enfin, à côté de réfugiés au sens juridique, il y a les réfugiés de fait, soit parce qu’ils ont été déboutés de leur demande d’asile, soit parce que leur situation ne correspond pas à une catégorie juridique. Ces derniers sont les réfugiés engendrés par les catastrophes naturelles (dont les réfugiés climatiques) ou les réfugiés économiques... Il faut donc rester prudent sur les différentes catégories de migrants et de réfugiés et donc sur leur comptabilité, car un migrant peut souvent relever de plusieurs catégories à la fois. De plus, chacune des causes qui génèrent les migrations et les réfugiés tend généralement à renforcer les autres.

Les personnes qui migrent par le fait des contraintes extérieures et non par choix peuvent donc être définit comme des réfugiés de fait. Selon l’INED en Europe, « entre 2000 et 2015, les réfugiés représentent la majorité des flux les plus récents. Leur proportion est passée de 33 % à 76 % parmi les migrants entrés irrégulièrement en Italie et en Grèce au cours des cinq dernières années. La crise des réfugiés se déroule parallèlement à une crise de dépopulation qui menace l’Europe. Les migrations de remplacement pourraient donc faire partie des réponses de l’Europe à sa situation démographique » selon l’INED [20].

Quels sont les causes des migrations ?

Généralement, ce sont principalement les guerres, mais cela varie en fonction des années. En 2016, selon l’étude du HCR « démontre que seulement trois pays au monde génèrent la moitié des réfugiés : la Syrie avec 4,9 millions, l’Afghanistan avec 2,7 millions et la Somalie avec 1,1 million de déplacés. D’autres conflits récents accélèrent le mouvement : au Soudan du Sud, au Yémen, au Burundi, en Ukraine, en République centrafricaine, etc. » [21].
Dans le monde, sur l’ensemble des populations déplacées pour des raisons environnementales, «  55 % fuiraient des inondations et 29 % des tempêtes. Sur les bords du lac Tchad, dont l’assèchement pousse les communautés d’éleveurs à aller toujours plus loin chercher de l’eau, la situation confine à l’intenable. En cinquante ans, le lac est passé d’une superficie de 25 000 kilomètres carrés à 2 500 à peine » [22].
D’après une étude de l’organisation « Climate Central », on observe des risques spécifiques liés à la montée des eaux. « D’ici la fin du 21e siècle, la montée des eaux et les inondations des zones côtières concernera 147 à 216 millions de personnes partout dans le monde. Là encore, l’Asie apparaît comme le continent le plus vulnérable » [23]. Ce qui est particulièrement préoccupant, c’est qu’autour des deltas des fleuves, tel le delta du Bengladesh, le delta du Nil en Egypte, que les terres sont les plus fertiles et donc que ce concentre le plus d’habitants. Il va donc manquer des millions de km2 de terres fertiles nécessaire à l’agriculture et à l’alimentation, à cause de la montée des eaux.

Les bouleversements démographiques mondiale vont sans doute invalider les prévisions conventionnelles des migrations.

En effet, selon le rapport Meadows réactualisé en 2008, la démographie n’atteindra jamais 11 milliards comme le prévoit l’ONU, mais seulement 7,8 milliards, car sa croissance cessera en 2030, du fait d’une insuffisance de production agricole générée par le manque de ressource, la pollution, le réchauffement climatique... À partir de cette année-là, la démographie mondiale diminuera fortement pour s’écrouler en 2100 à seulement 4,43 milliards d’habitants [24], c’est-à-dire au niveau de l’année 1980 [25]. Il y aurait donc une hécatombe de la population mondiale, avec 3,3 milliards d’humains qui mourraient prioritairement par manque de nourriture entre 2030 et 2100, soit près de 43% de la population ! Si ces pronostics très alarmistes s’avéraient exact, c’est donc une vague de migration de plusieurs millions, voire de quelques milliards de migrants qui monteraient vers le nord de la planète.
En effet, d’après la FAO et la Banque Mondiale, les prévisions d’élévation de la température moyenne mondiale de 4°C en 2100, engendreraient une désertification de la majorité de la planète et donc une baisse drastique de la production agricole et donc alimentaire [26]. Sur la base de ces différentes études scientifiques, une carte édifiante publiée par le New Scientist montre à quoi ressemblerait la planète avec 4°C supplémentaires. La majorité de la planète serait donc asséchée, voire désertifiée. Cependant, en 2100, dans la zone située au Nord de la Belgique, l’agriculture seraient moins touchées par le réchauffement climatique. Par conséquent, cela engendrera quasi-mécaniquement, de très fortes migrations et les mouvements de populations actuels ne seraient donc que les prémices d’un véritable déferlement.

Dans le monde, la part du climat, ne cesse de croitre, parmi les autres causes des migrations qui sont prioritairement les guerres et les problèmes économiques. Cependant, le réchauffement climatique ne fait que débuter et les scientifiques du GIEC ont prévu qu’il s’accroisse encore au moins pendant 300 ans...

 


Thierry Brugvin est sociologue et auteur de : 6 chemins pour la décroissance (dir.), Le Croquant, 2018. et de Etre humain en système capitaliste, Yves Michel, 2015.

Source : « Quelle est la proportion des réfugies climatiques dans le monde ? », Afrique Education, mai 2019


Notes

[1UNHCR, Global Trends 2015, United Nations High Commissioner for Refugees, 2016.

[2BASTIE Eugénie, « Les réfugiés climatiques trois fois plus nombreux que les réfugiés de guerre », Le Figaro, 17/09/2014.

[3Rapport mondial sur les déplacements internes 2016, Conseil norvégien pour les réfugiés, 2016.

[4DELPIROUX Dominique, « 65 millions de réfugiés dans le monde, Crise des migrants - L’événement », La Dépêche, 16/01/2017.

[5OIM (Organisation internationale pour les migrations), Etat de la migration dans le monde 2015, Nations unies, 2016.

[6OIM (2016)

[7NATIONS UNIES, DIVISION DE LA POPULATION, International Migration Report 2013, Département des Affaires économiques et sociales (DAES), Nations unies, 2013.

[8SIMON Marie, « Bientôt 250 millions de « réfugiés climatiques » dans le monde ? », L’Express, 01/11/2015.

[9IDMC (Internal Displacement Monitoring Center), Global Internal Displacement Database (GIDD), IDMC, 2016.

[10UNHCR, Global Trends 2015, United Nations High Commissioner for Refugees, 2016.

[11DELPIROUX Dominique, « 65 millions de réfugiés dans le monde, Crise des migrants - L’événement », La Dépêche, 16/01/2017

[12BASTIE Eugénie, « Les réfugiés climatiques trois fois plus nombreux que les réfugiés de guerre », Le Figaro, 17/09/2014.

[13UNHCR, Global Trends 2013, United Nations High Commissioner for Refugees, 2014.

[14SIMON (2015)

[15En France, l’asile conventionnel est fondé notamment sur la convention de Genève du 28 juillet 1951 sur les réfugiés. Cette convention s’applique à « toute personne qui (…) craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut, ou du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ».

[16ZEGHBIB Hocine, « Les réfugiés environnementaux, Une catégorie juridique en devenir », Nouveaux modèles migratoires en Méditerranée, Hommes et Migrations, 2012, p. 132-142.

[17SIMON (2015)

[18DE CHÂTEL Francesca, « The Role of Drought and Climate Change in the Syrian Uprising :
Untangling the Triggers of the Revolution », Middle Eastern Studies, Java 2014.

[19OIM, Glossaire de la migration, Série consacrée au droit international de la migration, OIM, no.9, 2007

[20FARGUES Philippe, « Un million de migrants arrivés sans visa en Europe en 2015 : Qui sont-ils ? », Population & Sociétés, INED, n° 532, avril 2016.

[21DELPIROUX Dominique, « 65 millions de réfugiés dans le monde, Crise des migrants - L’événement », La Dépêche, 16/01/2017

[22D’ALLARD Marion, « Réfugiés climatiques, la crise du siècle environnement », L’Humanité, 15/11/ 2016.

[23SIMON (2015)

[24TURNER Graham, Is Global Collapse Imminent ? MSSI Research Paper No. 4, Melbourne Sustainable Society Institute, The University of Melbourne, 2014.

[25ONU, World Population Prospects, The 2015 revision, 2015.

[26BANQUE MONDIALE, Baissons la chaleur : Face à la nouvelle norme climatique, 2014 International Bank for Reconstruction and Development / The World Bank1818 H Street NW, Washington DC.