De récentes mises à jour statistiques permettent de décrire l’évolution de l’emploi jusqu’au début 2011 [1]. Cette note a pour objet d’exploiter ces données pour décrire quelques tendances entre le
1er trimestre 2005 et le 1er trimestre 2011.

L’emploi total et les grands agrégats

Globalement, l’emploi a augmenté – pendant la période considérée – de 270.000 unités, soit une hausse de 6,3% [2], passant de 4.310.000 à 4.580.000 unités. On constate, à la lecture du graphique suivant, que l’emploi a repris sa progression dès la fin de 2009, après le recul consécutif à la crise de 2008-2009.

Emploi national total – en milliers – 2005/1-2011/1
Source : ICN-Belgostat

Un tiers environ des 270.000 emplois supplémentaires, soit +/- 90.000 emplois (e), est expliqué par la croissance de l’emploi dans le secteur des titres-services. Si l’on tient compte en outre des emplois win-win, plus de 60% de la croissance de l’emploi sont liés à des emplois hautement subsidiés [3],

Cette croissance de l’emploi profite aussi bien à l’emploi salarié qu’à l’emploi indépendant, comme le montre le tableau suivant.

L’emploi salarié et l’emploi indépendant (emploi national [[L’emploi national est l’emploi total qui bénéficie à des résidents belges, que cet emploi soit situé sur le territoire national ou à l’étranger.]]) – en milliers – 2005/1-2011/1
Source : ICN-Belgostat – Calculs : IDD

Poursuivant des tendances de long terme, l’emploi (indépendants et salariés) intérieur (c’est-à-dire celui situé sur le territoire belge) a continué à baisser dans les secteurs agricole et industriel mais a augmenté dans les secteurs de la construction et des services.

Emploi intérieur total et par secteur – en milliers – 2005/1-2011/1
Source : ICN-Belgostat – Calculs : IDD

Les données ONSS

L’ONSS – qui couvre 90% de l’emploi salarié intérieur – publie plus de détails et plus vite. Sur base des indicateurs rapides de cette institution on peut décrire les évolutions de l’emploi suivant
diverses caractéristiques et mesurer les évolutions en équivalents temps-plein. Le tableau ci-après permet de mettre en évidence quatre évolutions marquantes :

- une évolution beaucoup plus rapide de l’emploi féminin (taux de croissance 6 fois plus important que celui de l’emploi masculin)

- une très forte progression (presque 1/3 en plus) de l’emploi des plus de 50 ans, cette croissance résultant bien plus des évolutions sociodémographiques tendancielles que de la mise en œuvre du pacte des générations

- une baisse du nombre de fonctionnaires (nommés), qui renvoie au débat sur le financement des pensions du secteur public (une observation semblable peut-être faite pour les fonctionnaires des administrations locales dépendant de l’ONSS-APL)

- une nouvelle progression de l’emploi à temps partiel (¼ en plus), contre une quasi-stagnation de l’emploi à temps plein.

Emploi salarié ONSS – Diverses caractéristiques – en milliers – 2005/1-2011/1
Source : ONSS – Calculs : IDD

Le graphique suivant montre que l’emploi total ONSS comme l’emploi total en équivalents temps plein ont certes « rattrapé » le recul important (surtout pour ce qui est du volume de travail) suite à
la crise de 2008-2009 mais qu’au 1er trimestre 2011 ces deux indicateurs se situent à peine au même niveau que les maxima respectifs atteints avant la crise.

Emploi ONSS : nombre de travailleurs, volume de travail en équivalents temps plein, temps de travail moyen – Belgique – données désaisonnalisées – indices 2005/1=100
Source : ONSS – Calculs et estimations : IDD

Un focus sur la Wallonie

Le graphique suivant (voir second graphique de la page suivante) montre que l’emploi ONSS bénéficiant à des wallons (quel que soit leur lieu de travail) a augmenté en phase avec les évolutions au niveau de la Belgique. Mais la Wallonie en ce début de 2011 a fait plus que rattraper le recul attribuable à la crise pour atteindre un maximum historique en matière d’emploi salarié.

Nombre de travailleurs ONSS – données désaisonnalisées – indices 2005/1=100
Source : ONSS – Calculs et estimations : IDD

Pour ce qui est du volume total de travail effectué par les Wallons (voir graphique ci-dessous) il a lui aussi évolué en phase avec les tendances belges ; au 1er trimestre 2011 il est revenu exactement au même niveau que le maximum atteint avant la crise.

Emploi ONSS en équivalents temps plein – données désaisonnalisées – indices 2005/1=100
Source : ONSS – Calculs et estimations : IDD

Tenant compte des emplois que les wallons vont aussi chercher à l’étranger (quasiment 60.000 emplois aujourd’hui), dans la fonction publique locale ou sous le statut d’indépendant, le tableau suivant (voir page suivante) estime l’évolution de l’emploi en Wallonie. Deux constats :
- une croissance relativement importante du nombre de wallons occupés à l’étranger

- une augmentation de l’emploi indépendant en retrait par rapport à l’évolution constatée au niveau national (+ 1,1% contre +5,5%) ; il s’agit là d’une faiblesse de l’économie wallonne.

On peut estimer que, tout comme au niveau national, plus de 60% de la croissance de l’emploi de moyen terme en Wallonie sont liés à des emplois hautement subsidiés (emplois titres-services et win-win).

Emploi total bénéficiant à des wallons – estimations – en milliers – 2005/1-2011/1
Sources : Belgostat, Bureau fédéral du Plan, ICN, ONSS – Calculs et estimations : IDD

On terminera par rappeler que les perspectives en matière d’emploi se dégradent depuis le début de l’année, tout en restant positives. Cette dégradation est intervenue avant la nouvelle crise financière et boursière qui a éclaté en ce début août.

Perspectives en matière d’emploi – soldes des réponses positives et négatives désaisonnalisés[[Moyenne pondérée des perspectives en matière d’emploi dans l’industrie, la construction, le commerce et les services aux entreprises.]]
Source : BNB-Belgostat – Calculs et estimations : IDD

P.-S.

Publication originale : Philippe Defeyt, « Quelques évolutions en matière d’emploi : 2005-2011 », IDD, août 2011.

Notes

[1Il s’agit d’une part des Statistiques de l’emploi dites rapides de l’ONSS et d’autre part des données en matière
d’emploi de la Comptabilité nationale trimestrielle.

[2Pour la facilité de la lecture les nombres sont arrondis.

[3A savoir des emplois dont 2/3 environ du coût total sont pris en charge par les finances publiques ; il faut tenir
compte que des emplois win-win se sont substitué à d’autres emplois (effets d’aubaine).