Les récentes Perspectives économiques (juin 2018) et Perspectives économiques régionales (juillet 2018) du Bureau fédéral du Plan permettent d’actualiser les évolutions tendancielles du pouvoir d’achat et des revenus.

Cette Brève de l’Institut pour un Développement Durable examine
• l’évolution du pouvoir d’achat moyen
• l’évolution du pouvoir d’achat moyen par région
• l’évolution de la consommation totale des ménages
• l’évolution des revenus de la propriété
• l’évolution du revenu disponible réel hors revenus de la propriété
• l’évolution des salaires bruts
• l’évolution du pouvoir d’achat du revenu d’intégration.

Voici les principales observations que l’on peut faire sur base de ces indicateurs :
1. C’est seulement en 2020 que le pouvoir d’achat moyen reviendrait à son niveau d’avant la crise (2008). En 2020 il sera toujours inférieur au maximum enregistré en 2009. Il est aujourd’hui (2018) de 5% seulement supérieur à celui de 1995.
2. Si l’allure générale des fluctuations du pouvoir d’achat est la même dans les trois régions, on constate que Bruxelles et la Wallonie perdent du terrain ; entre 1995 et 2020 le pouvoir d’achat moyen aura augmenté de 1% seulement à Bruxelles, 10% en Flandre et 5% en Wallonie (moyenne nationale : +8%).
3. Entre 1995 et 2020, le pouvoir d’achat moyen des bruxellois est passé de 95 à 89% du pouvoir d’achat moyen des belges, celui des flamands de 105 à 107% et celui des wallons de 93 à 91%.
4. Il est bon de rappeler que notre pouvoir d’achat est à la fois « privé » (il est utilisé en fonction de choix de consommation individuels) et « collectif » (ce sont les dépenses publiques dont nous bénéficions en matière de santé, enseignement, culture...). Le pouvoir d’achat global qui additionne les deux a évolue plus favorablement que le seul pouvoir d’achat privé. En quelque sorte, la croissance continue du pouvoir d’achat collectif atténue donc les reculs du pouvoir d’achat privé, mais ne les compense pas dans la mesure où les mécanismes d’affectation ne sont pas les mêmes.
5. Une des raisons pour lesquelles le pouvoir d’achat « privé » n’a pas évolué plus vite sur le long terme c’est le recul marqué des revenus de la propriété échéant aux particuliers : moins 38% au total entre 1995 et 2016 et moins 92% (!) pour les intérêts ; entre 2016 et 2020 la masse des revenus de la propriété est supposée remonter, mais elle sera en 2020 toujours 31% moins importante qu’en 1995.
6. Le pouvoir d’achat moyen de la somme des revenus nets autres que les revenus de la propriété a augmenté – sur la période 1995-2020 – d’environ 16%, contre 8% si on tient compte de tous les revenus.
7. Par comparaison, la masse des salaires bruts a évolué plus favorablement : +45% entre 1995 et 2020, contre -31% pour les revenus de la propriété.
8. Le salaire annuel brut moyen aura augmenté de 13% entre 1995 et 2020 ; mais plus de la moitié de cette hausse a été acquise entre 1995 et 2003. Depuis 2003, le salaire moyen a marqué deux « pauses », qui ont chaque fois duré plusieurs années. Le salaire annuel brut moyen est estimé à 41.200 € en 2018.
9. Enfin, on relèvera que le pouvoir d’achat du revenu d’intégration (minimex jusqu’en 2002), mesuré en tenant compte de la structure de consommation spécifique des pauvres, a augmenté de presque 16% sur la période 1995-2017. Il a évolué plus ou moins en phase avec l’évolution du pouvoir d’achat moyen jusqu’au début de la crise, pour ensuite évoluer beaucoup plus favorablement pour deux raisons : le retrait du pouvoir d’achat moyen et la liaison au bien-être qui a permis au revenu d’intégration d’augmenter régulièrement au-delà de l’indexation sur les prix. On notera encore que jusqu’en 2012 le pouvoir d’achat du revenu d’intégration a augmenté moins vite que le pouvoir d’achat des revenus hors revenus de la propriété.

Le pdf joint propose neuf graphiques qui détaillent ces évolutions.