En prévision de notre prochaine soirée Econosphères sur les pensions, nous publions cette analyse de Jean-Marie Harribey sur le cas français. Une réforme aux nombreux points communs avec la Belgique.

Selon tous les gouvernements qui les ont menées, les réformes de 1993, 2003, 2007, 2010 et 2013 devaient « sauver » les retraites des Français. Le sauvetage n’aurait-il pas eu lieu puisque le nouveau chef de l’État promet une nouvelle réforme en 2018 ? Ce n’était pourtant pas faute d’avoir multiplié les régressions des droits des travailleurs : allongement de la durée de cotisation (172 trimestres, soit 43 ans, à partir de la génération née en 1973) ; report à 62 ans de l’âge de départ à la retraite sauf pour les carrières longues ; pris en compte des salaires des 25 meilleures années au lieu des 10 pour les salariés du privé, revalorisés sur la base de l’évolution des prix ; et revalorisation des pensions sur les prix au lieu des salaires. Il résulte du cumul de toutes ces mesures une baisse des pensions, ce qui est le but recherché s’inscrivant dans le projet de diminution générale des dépenses publiques. Dans ses deux derniers rapports annuels, de juin 2016 et juin 20171, et dans celui de novembre 20172, le Conseil d’orientation des retraites (COR) hésite à prévoir que l’équilibre financier des systèmes de retraite sera assuré dans un demi-siècle. Dans ce contexte, engager une nouvelle réforme qui aggraverait encore les dégradations occasionnées depuis 25 ans est absurde et injuste parce qu’il ne s’agirait plus seulement de modifier de manière dommageable les paramètres du système de retraite par répartition, mais de dénaturer celui-ci. Le danger est d’autant plus grand qu’aucun infléchissement sérieux du modèle de développement économique permettant d’améliorer l’emploi et d’engager une transition écologique n’est engagé face à la crise provoquée par le capitalisme mondialisé.

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