Dans le système-monde actuel, où les États-Unis détiennent encore le rôle de centre hégémonique, d’autres puissances s’allient et commencent à peser de plus en plus dans le rapport de force. C’est le cas notamment de la Russie qui conforte les alliances commerciales et monétaires afin de s’affranchir du dollar. Peut-on voir dans ces décisions la volonté d’affaiblir l’hégémonie étasunienne, à travers celle du statut mondial du dollar ?
« Ô toi, doux régicide, (…) traite en rebelle l’humanité, ton esclave, et par ta vertu jette-la en des querelles qui la détruisent, afin que les bêtes aient l’empire sur le monde. »
Shakespeare, Timon d’Athènes.
Après l’échec de la « thérapie de choc » néolibérale, la Russie postsoviétique avait semblé réussir, sous l’ère Poutine, son intégration au système-monde capitaliste sur la base du triptyque « Dévaluation, protectionnisme, intervention massive de l’État », favorisant une entrée significative de capitaux étrangers [1]. S’appuyant sur la richesse énergétique inégalée d’un État-continent, sur sa puissance nucléaire et son appartenance au Conseil de sécurité des Nations Unies, la Russie semblait en outre en passe de convertir son statut de puissance économique émergente en puissance politique, faisant un retour remarqué sur la scène internationale (affaire Snowden, Syrie). Toutefois, la structure de son commerce extérieur (exportation de matières premières, importation de produits manufacturés), la dépendance de son économie aux hydrocarbures (finançant la moitié des recettes du budget fédéral russe), la tendance à la dépopulation, en fait un géant ambigu et fragile. En témoigne la crise actuelle et perte de confiance généralisée dans le rouble, aggravées par la chute du prix du pétrole et les sanctions occidentales liées au conflit russo-ukrainien. S’inspirant probablement de la stratégie mise en place par l’Iran en 2012, Poutine a depuis pris la décision de facturer les ventes russes d’hydrocarbures en or, renforçant une tendance plus ancienne basée la fois sur des achats massifs et une production croissante, dans un contexte à présent déterminé par le dépassement du pic de production mondiale du métal jaune. Doit-on voir dans cette décision une réaction simplement conjoncturelle, ou une stratégie à plus long terme, dont la finalité serait l’affaiblissement de l’hégémonie étasunienne, à travers celle du statut mondial du dollar ?
Les tendances fortes du système-monde post-soviétique
L’une des conditions d’émergence du capitalisme moderne a été, et reste, l’existence d’un cadre politique fragmenté et compétitif : « C’est l’État national fermé – précisait Weber – qui garantit au capitalisme les possibilités de sa pérennité, et, tant qu’il n’aura pas fait place à un empire, le capitalisme perdurera lui aussi [2]. » La logique de fonctionnement de ce système-monde, qui se met en place à partir de la Renaissance en Europe Occidentale avant de se répandre sur la surface totale de la planète, est mercantiliste, au sens où la puissance politique et la puissance économique s’y nourrissent mutuellement. Le libéralisme économique, en principe critique de ce mercantilisme, ne semble y jouer qu’un rôle idéologique et stratégique en faveur des centres dominants.
Ce système-monde hiérarchisé se caractérise en particulier par deux éléments d’ordre géopolitique : la lente succession, marquée par des conflits internationaux, des centres hégémoniques (Hollande, Grande-Bretagne, États-Unis) ; la constitution, face à la disproportion des forces détenues par une puissance particulière, de l’alliance de puissances secondaires en vue de parer à toute menace « impériale ». Depuis la chute de l’Empire soviétique, ces éléments semblent gagner en importance, dans le cadre d’un environnement international s’articulant autour de trois champs de force majeurs.
En premier lieu, l’expansion mondiale de l’économie-monde capitaliste et la multinationalisation des firmes au sein des oligopoles mondiaux dominés par la Triade. Cette structure économique, légitimée par le néolibéralisme, permet aux États occidentaux d’étendre la recherche de débouchés aux capitaux excédentaires. La mobilité internationale des capitaux ainsi instituée contraint, en retour, l’ensemble des États à rivaliser dans les politiques d’attraction des IDE, au détriment de leur situation sociale intérieure et sans réelle possibilité d’évaluer l’attachement des investisseurs « mondialisés » envers leur nation d’origine.
En second lieu, l’antagonisme politique entre l’unilatéralisme « impérial » des États-Unis et les tentatives incertaines d’instauration d’un équilibre international multipolaire. D’un côté, l’autorité américaine a consciemment endossé une posture relevant davantage d’un imperium arbitraire que d’un hegemon consensuel : indifférence aux décisions de l’ONU, abrogation des Traités de Westphalie, légitimation de l’ingérence sur la base des notions non juridiques de « terrorisme » et d’« États voyous », développement des forces spéciales, de la « guerre indirecte » (drones) et des « assassinats ciblés ». L’efficacité de ce comportement semble, même du point de vue étasunien, sujette à caution : « perte » de l’Amérique du Sud, enlisement en Irak et en Afghanistan, érosion internationale du soft power, polarisation sociale interne. D’un autre côté, l’absence d’une puissance susceptible de rivaliser simultanément dans les domaines militaire, économique, technologique et culturel, et de prétendre ainsi se substituer aux États-Unis comme puissance hégémonique, a provoqué l’émergence d’une coopération entre pays « émergents » mais exclus de la périphérie proche du centre nord-étasunien et des décisions politiques guidant le système-monde (BRICS, OCS, APEC), au sein de laquelle la Russie désire s’affirmer comme un allié prépondérant.
En troisième lieu, enfin, les limites physiques à la poursuite de la croissance du capitalisme mondialisé, dues à la stagnation des ressources énergétiques non renouvelables et au défaut de substitut crédible à moyen terme, si l’on tient compte de l’immensité des volumes en jeu et de la contrainte de rentabilité énergétique [3]. Ces limites physiques marquent la fin de la croissance exponentielle de la consommation mondiale d’énergie et l’entrée dans une logique quantitative de « jeu à somme nulle ». Au sein de cette logique, les avantages énergétiques, plus étroitement délimités par les techniques et les coûts d’extraction, dépendront de la capacité d’investissement de chacun des pays producteurs.
L’enjeu de la nature et de la situation de l’hégémonie capitaliste est à présent soumis aux liens complexes qui s’établissent entre la puissance politique (idéologique, diplomatique et militaire), la puissance financière et le pouvoir de captation des ressources énergétiques. Un premier exemple est donné par la pression sur les secteurs bancaire, énergétique et militaire, que provoque actuellement en Russie la chute du rouble vis-à-vis du dollar.
Un deuxième exemple, plus décisif dans la problématique de l’hégémonie, est cette déclaration faite par Obama dans son discours du 13 avril 2011 : « La menace la plus grave à la sécurité nationale est la dette américaine. » Ce propos ne peut être entendu sans tenir compte de l’interdépendance entre la suprématie militaire absolue des États-Unis, le contrôle des voies d’approvisionnement énergétique et le statut central du dollar dans les échanges internationaux [4]. En d’autres termes, l’hégémonie des États-Unis – leur « sécurité intérieure » – ne seront durables que si perdure le financement de leur complexe militaro-indutriel à partir de capitaux étrangers (acquéreurs de Bons du Trésor américains), ce qui suppose que ceux-ci persistent à considérer le dollar comme pilier incontournable du système monétaire international. Un premier doute apparaît si l’on suppose que le régime économique américain, fondé sur l’endettement généralisé (public et privé), est en train d’atteindre ses limites.
A l’inverse, les États cherchant à « renforcer la tendance à la multipolarité dans le monde » et « à réduire graduellement l’unilatéralisme américain » sont incités à contracter des alliances bi ou multipolaires, partageant leur dynamisme technico-industriel et/ ou leur richesse naturelle en ressources énergétiques [5]. C’est, en tout cas, la stratégie que semble avoir adoptée la Russie. Notons, à titre d’exemple, la coopération avec l’Iran (à eux deux, la Russie et l’Iran possèdent 25% des réserves mondiales de pétrole et sont les deux plus importants producteurs de gaz) et le Kazakhstan (premier producteur mondial d’uranium). Ou avec l’Inde, avec la constitution d’un axe technologique eurasiatique, notamment en matière nucléaire et militaire. Ou encore avec la Chine, dont la puissance industrielle demeure sous la tutelle américaine en matière énergétique (et en matière d’exportation), alors que la Russie cherche à diversifier ses débouchés, afin de se libérer de sa dépendance à l’Union Européenne.
Il est difficile de préjuger de la stabilité de tels engagements. Concernant la Russie, on peut considérer que sa crédibilité à long terme dépendra de ses capacités à conserver l’indépendance de ses ressources énergétiques (combler le retard technologique vis-à-vis de l’Occident en matière d’exploitation), à conserver son autorité sur sa propre zone d’influence (s’affirmer comme puissance régionale) et à favoriser son développement interne (diminuer sa dépendance à la demande extérieure).
D’un point de vue plus global, ces alliances émergentes ne pourront contrebalancer durablement l’imperium des États-Unis que sous deux conditions supplémentaires : opposer un contre-modèle de « civilisation » à l’Occident ne se contentant pas d’un rejet autoritaire des errements du Progrès, du consumérisme et de la libération illimitée des mœurs, auquel semble conduire l’idéologie eurasiatique reprise à son compte par Poutine [6] ; conforter les alliances commerciales (énergétiques) et technologiques par des alliances monétaires, afin de s’affranchir du dollar. C’est en ce sens que les décisions récentes de Poutine peuvent être interprétées comme des décisions structurelles ayant pour finalité intermédiaire de disjoindre le dollar et les échanges portant sur les ressources énergétiques en voie de raréfaction, et pour finalité ultime de décourager la demande internationale en dollar et d’affaiblir les capacités d’endettement et de financement de la puissance militaire américaine.
Des pétrodollars au pétror ?
Il n’est peut-être pas négligeable de rappeler que les systèmes monétaires modernes, nationaux et internationaux, se sont construits en référence à l’or. Si bien que, même si ce dernier n’est plus une référence monétaire explicite, il n’en conserve pas moins une indéniable dimension monétaire, au moins du fait que les Banques centrales lui ont conservé son statut de « valeur refuge » : l’inconvertibilité en or du dollar, décidée de façon unilatérale par Nixon en 1971, fut d’ailleurs le pis-aller pour enrayer l’érosion inexorable des réserves d’or détenues par la Réserve fédérale depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale.
Les États-Unis, en 1945, étaient en effet parvenus à centraliser plus de 70% des réserves mondiales d’or. Dans ces conditions, il a pu apparaître judicieux de reconstruire le système monétaire international (SMI) en faisant du dollar le pivot des échanges mondiaux et la seule monnaie convertible en or, à 35 dollars l’once, les autres monnaies devant respecter une parité fixe en or ou en dollar. Ce système accordait toutefois un double statut problématique au dollar, à la fois monnaie nationale étasunienne et monnaie d’échange et de réserve internationale. L’économiste Robert Triffin (1911-1993), d’origine belge, fut le premier à relever le dilemme auquel conduisait une telle organisation du SMI, dans L’or et la crise du dollar, paru en 1960 [7]. Soit la balance commerciale du pays émetteur de la monnaie nationale/ internationale est excédentaire et le manque de liquidités internationales freinent le développement des échanges mondiaux ; soit cette balance est déficitaire et met en péril la confiance dans cette monnaie, que le pays émetteur refuse de fournir les autres pays en liquidités ou que la prolifération de ces liquidités conduise à son inconvertibilité en or.
Les États-Unis, une fois l’Europe et le Japon dynamisés par leur reconstruction intérieure, se sont durablement inscrits dans la deuxième position. Et commencèrent, à partir des années 1960, à financer leur déficit extérieur par création monétaire, conduisant à une multiplication d’« eurodollars » sans commune mesure avec les réserves d’or étasuniennes qui, à la fin de cette décennie, ne représentaient plus que 30% des réserves mondiales. Ce processus, en outre, fut volontairement exacerbé par les américains qui, enlisés au Vietnam, considéraient comme légitime, dans le cadre de la défense du « Monde libre », de faire participer les liquidités excédentaires du Japon et de l’Allemagne de l’Ouest au financement de la guerre. Il est à noter que Triffin a milité contre ce conflit et considérait que le seul remède à la maladie du dollar résidait dans « une réduction des charges militaires terrifiantes et exorbitantes [8] » : il avait donc parfaitement conscience que l’impasse économique qu’il prédisait s’intégrait, en définitive, dans la stratégie mercantiliste étasunienne.
Le déséquilibre entre les avoirs étrangers en « eurodollars » et la couverture-or de Fort Knox aboutit finalement au décret unilatéral de l’inconvertibilité en or du dollar (Nixon, 1971), marquant l’entrée dans le SMI actuel de changes flottants et la démonétisation de l’or. Toutefois, pour être devenue informelle, la relation entre la valeur internationale d’une monnaie et les réserves d’or de l’État correspondant reste une réalité tangible. En témoigne le fait que les Banques centrales américaines et européennes (Allemagne, France, Italie) détiennent encore aujourd’hui les 2/3 des réserves « monétaires » d’or (qui représentent elles-mêmes environ 1/5 du stock mondial d’or), dont la fonction élémentaire est d’assurer leur solvabilité et la confiance dans leurs monnaies. En outre, il n’est pas illégitime de penser que le statut international du dollar (que l’euro ne parvient pas à concurrencer) demeure, au moins en partie, garanti par le poids dominant des réserves d’or étasuniennes. Au final, il semblerait donc que l’abandon de la convertibilité-or du dollar ait servi aux États-Unis, d’une part, à enrayer la chute de leurs réserves d’or et de l’aura internationale du dollar, et, d’autre part, à se défaire de la limite que constituaient ces réserves dans le déploiement de leur stratégie mercantiliste.
Cette interprétation peut être justifiée par deux considérations. La première, rappelée par B. Samghi (membre du directoire de la BCE), est que la démonétisation apparente de l’or (le cours de l’or restant négativement corrélé au cours du dollar), de même que la multiplication des sources de liquidité, n’a pas fait disparaître le dilemme de Triffin, qui perdure sous la forme générale d’une « tension fondamentale entre les incitations nationales à court terme et la stabilité du système international. » Est ainsi maintenue la propension, pour le ou les pays monopolisant l’offre de liquidité mondiale, de « tirer parti de la forte dépendance des autres pays à l’égard de leur monnaie », en particulier dans le cadre de la circulation des ressources énergétiques [9]. La seconde considération, que semble ignorer Samghi, tient dans les liens qui unissent les dimensions politiques et économiques de cette tension, c’est-à-dire l’incapacité (ou le manque de volonté) américaine à défendre simultanément la stabilité du jeu mercantiliste et leur position hégémonique au sein de ce jeu. Celle-ci est d’autant plus assurée que les États-Unis parviennent à se rendre indépendants au niveau énergétique et à favoriser la dépendance énergétique des autres à leur égard : du point de vue militaire, par la sécurisation des voies d’approvisionnement, et d’un point de vue monétaire, par la monopolisation de la monnaie d’échange (« pétrodollars ») qui, en retour, permet de financer « sans fin » leur puissance militaire par l’endettement.
En contrepoids de ce renforcement « automatique » de la puissance étasunienne, la consolidation des accords sino-russes, qu’ils portent sur l’armement ou les ressources énergétiques, trouvent donc un complément naturel dans la détermination affichée depuis 2012 de ne plus utiliser le dollar dans les échanges d’hydrocarbures. En octobre 2014, ces accords ont conduit à un contrat de swap entre le rouble et le yuan à hauteur de 25 milliards de dollars sur trois ans, démontrant l’intention chinoise de prolonger, voire d’intensifier, les échanges hors dollar avec la Russie malgré la chute du rouble. Cette stratégie visant à réduire la dépendance sino-russe à la puissance étasunienne se manifeste également dans le domaine financier, comme en témoigne la mise en place d’un partenariat de long terme entre Sberbank of Russia et Harbin Bank, ou encore la proposition du vice-premier ministre russe Igor Shuvalov d’instaurer un système interbancaire international alternatif au système SWIFT [10]. La décision russe, à la fin de l’année 2014, de vendre ses hydrocarbures en contrepartie d’or, s’inscrit dans cette stratégie d’ensemble, puisque la Chine applique le même mécanisme concernant ses ventes de marchandises. Ces deux pays cherchent également à se débarrasser de leurs Bons du Trésor américains et à convertir les liquidités ainsi obtenus en métal jaune. En outre, ce comportement pourrait faire tâche d’encre, puisque l’Iran, à travers Gholamali Kamyab (vice-gouverneur de la Banque centrale), a annoncé fin janvier 2015 son intention de ne plus utiliser le dollar dans ses transactions internationales.
Ce mouvement, s’il se confirme, voire s’amplifie, et finit par mettre à mal la confiance nécessaire au statut international du dollar, pourrait rendre incontournable une négociation mondiale sur la redéfinition du SMI, dont l’enjeu serait la position hégémonique des États-Unis, telle qu’elle s’est structurée depuis la guerre du Vietnam.
Quelle alternative ?
Le jeu mercantiliste, en cette première moitié du 21e siècle, s’établit à partir de l’imbrication des enjeux qui se nouent autour de la puissance militaire, la capacité énergétique et la définition institutionnelle du SMI. Dans ce cadre compétitif, la vieille Europe semble a priori dans une position délicate. Sa puissance militaire est limitée par la crise de la dette souveraine, sans que l’euro ait acquis un pouvoir mondial suffisant vis-à-vis du dollar pour permettre aux européens de bénéficier du financement mondial dont profitent encore les États-Unis. En outre, contrairement aux géants énergétiques américains et russes, l’Union Européenne, notamment avec la baisse de la production pétrolière de la mer du Nord, est vouée à devenir totalement dépendante, au niveau énergétique, des aléas de l’évolution géopolitique, qui réserve son lot d’évènements imprévisibles.
S’il est vrai que derrière la stratégie commune de la Chine (plus discrète), de la Russie (plus spectaculaire) et de l’Iran (plus modeste), se pose la question d’un étalon monétaire international n’étant le monopole d’aucun État particulier ou d’aucune coalition particulière, le retour à l’étalon-or, préconisé aussi bien par Marine Le Pen que par l’altermondialiste Norman Palma, semble une option dérisoire, puisque l’on retrouve, parmi les grandes nations productrices d’or et susceptibles d’accroître leurs réserves, les mêmes protagonistes amenés à se disputer l’hégémonie du système-monde capitaliste (Chine, Russie, États-Unis) [11].
Dans la continuité de Keynes, la position de Triffin s’orientait vers la centralisation des réserves de changes sous la forme de dépôts au FMI et vers la généralisation des droits de tirage spéciaux comme unité de compte et monnaie de réserve administrée par ce qui constituerait alors une véritable banque centrale mondiale. Beaucoup d’encre a coulé à propos de l’instrumentalisation néolibérale dont fait l’objet le FMI. Et cet article a suffisamment insisté sur l’importance des liens mercantilistes entre la position du dollar, l’hégémonie américaine et la question de la répartition des ressources énergétiques. A l’opposé de ces éléments qui, sous couvert d’enrichissement et d’accroissement de la puissance, conduisent inévitablement à la ruine et au déchirement conflictuel de l’humanité, il s’agirait peut-être de promouvoir une « raison du commun », seule à même d’inscrire les propositions de Triffin dans un projet authentiquement humaniste [12].