Quel point commun y a–t-il entre la négociation d’un accord commercial transatlantique, les « lois travail » visant flexibilité et compétitivité un peu partout en Europe et un sommet des dirigeants du G20 ? Tous trois sont des instruments de la diplomatie économique.
Celle-ci a supplanté la diplomatie traditionnelle. Les chefs d’État se sont mués en VRP au service des grandes entreprises, plus aucun déplacement officiel n’a lieu sans qu’ils ne soient talonnés par une délégation d’entrepreneurs prêts à décrocher des contrats.
Le soutien aux exportateurs, l’attraction des investissements étrangers et l’inflexion des règles internationales dans le sens des intérêts domestiques sont les trois buts recherchés par cette diplomatie d’un nouveau genre, qui implique désormais de nouveaux acteurs supranationaux, au premier rang desquels, on retrouve l’Union européenne (UE).
Que ce soit via son service d’action extérieure, au travers de ses délégations (représentations diplomatiques à travers le monde qui jouent le rôle d’ambassade), de la Commission européenne ou par l’intermédiaire de sa Haute représentante pour les affaires étrangères et la sécurité, l’UE tente de s’affirmer comme un acteur de poids sur la scène internationale.
Pour ce faire, elle manie tantôt la menace, tantôt la séduction. La crise migratoire en est une illustration. Une aide (pour partie financée par des budgets préexistants) est proposée aux pays qui rencontrent des difficultés à gérer l’afflux de migrants. Dans le même temps, des sanctions commerciales sont brandies : l’UE affirme qu’« un mix d’incitations positives et négatives seront intégrées aux politiques commerciales et de développement pour récompenser les pays qui coopèrent pleinement avec l’UE dans la gestion migratoire et s’assurer qu’il y aura des conséquences pour ceux qui refusent ». [1]
Les partenaires de l’UE doivent faire leur choix : le miel ou le marteau. Les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) qui négocient depuis plus d’une décennie la signature des APE (accords de partenariat économique) en savent quelque chose. Le maintien de l’accès au marché européen sans droits de douane a été conditionné à la ratification des APE à la date butoir d’octobre 2016.
Relations, influence, prêts, négociations, sanctions économiques, chantage, aide au développement, plainte devant l’organe de règlement des différends de l’OMC… : la panoplie d’outils à disposition de l’UE pour mener à bien sa diplomatie économique ne cesse de s’étoffer.
« Les droits de l’Homme », « la démocratie », sont rappelés en préambule de tous les accords et de toutes les déclarations de l’UE. Pourtant, les litiges commerciaux se règlent dans des cours d’arbitrage, avatars d’une justice en voie de privatisation et la primauté est accordée aux intérêts commerciaux.
Mais de quels intérêts s’agit-il au juste ? Ceux des PME ou ceux des sociétés transnationales ? Ceux des travailleurs ou ceux du consommateur ? Ceux des populations des pays en développement ou ceux des élites des pays industrialisés ?
C’est à ces questions que le présent numéro apportera quelques éclairages. Après avoir défini la diplomatie économique et ses outils, nous nous interrogerons sur ses finalités, observerons les tensions qui peuvent exister entre les positions des États-membres et celles de l’UE, et mesurerons l’écart existant entre les valeurs promues et les intérêts réellement recherchés. La parole sera ensuite donnée à des voix du Sud, avant de conclure en dressant un panorama des accords commerciaux négociés ou conclus par l‘UE.
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