Si le nombre de bénéficiaires du revenu d’intégration a augmenté significativement dans les trois régions du pays, c’est en Wallonie que cette augmentation est la plus forte. La fin de droits de milliers de bénéficiaires d’allocations d’insertion en est évidement l’une des raisons principales.

Au 1er trimestre 2015, plus récentes données disponibles, le nombre de bénéficiaires du revenu d’intégration (RIS) a augmenté significativement dans les trois régions du pays. En Wallonie, comme le montre le tableau suivant, il a explosé.

Trois commentaires :

- comme indiqué ci-dessus, c’est en Wallonie que la hausse est la plus forte, en absolu comme en pourcentage

- c’est à Bruxelles qu’elle est la moins élevée, mais rappelons que c’est la région où au départ la proportion de bénéficiaires du revenu d’intégration est la plus élevée

- la hausse s’accélère dans le courant du trimestre comme l’indiquent les données du dernier mois (mars) pour lequel on dispose de données.

Comme le montrent les graphiques des pages 2 et 3, les mouvements observés ne sont cependant pas exceptionnels par rapport à ceux observés en 2009, au début de la crise donc, surtout quand ils sont exprimés en termes relatifs, sauf en Wallonie, où la croissance absolue et relative est la plus forte observée. Il y a donc clairement une « exception » wallonne.

Il ne faut pas chercher midi à quatorze heures. Cette exception wallonne est très clairement liée à la fin de droits de milliers de bénéficiaires d’allocations d’insertion.

Le tableau ci-après fait le point sur les évolutions à un an d’écart du nombre de bénéficiaires d’une allocation d’insertion. Si la Wallonie est la région où la baisse relative est la moins importante, la baisse absolue y est la plus élevée ; la Wallonie enregistre à elle seule quasiment la moitié du recul du nombre d’allocations d’insertion !

Même si les évolutions du nombre de bénéficiaires du revenu d’intégration sociale et du nombre de bénéficiaires d’allocations d’insertion sont le résultat de multiples évolutions, il est évident que les fins de droit en sont l’explication largement dominante. Le tableau ci-après renforce donc les informations qui remontent du terrain : moins de 40% des personnes ayant perdu leur allocation d’insertion se retrouvent in fine comme bénéficiaires du revenu d’intégration, en Wallonie comme à Bruxelles. Cette proportion est en Flandre nettement plus faible. Tout cela est confirmé par les graphiques et équations présentées à la page suivante. Il est à noter que le pourcentage de fins de droit bénéficiant d’un revenu d’intégration sociale est très variable d’une commune à l’autre.

Les personnes qui ont perdu leur allocation d’insertion présentent deux caractéristiques : « sur-représentation » (par rapport à la structure observée début 2014) des femmes (sauf en Flandre) et de la catégorie d’âge intermédiaire.

Au global, l’impact sur la structure par genre est relativement modeste, mais renforce néanmoins la place majoritaire des femmes dans le total des bénéficiaires du revenu d’intégration sociale.

Diminution du nombre d’allocations sociales (en abscisse) et augmentation du nombre de bénéficiaires du RIS (en ordonnée) toutes communes – à un an d’écart – en absolu

L’impact sur la structure par âge est plus marqué, la part des 25-44 ans dans les bénéficiaires du revenu d’intégration) augmentant à un an d’écart entre 1,7% à Bruxelles à 3% en Wallonie, la part de toutes les autres catégories étant en recul.

L’augmentation, absolue et relative, du nombre de bénéficiaires du revenu d’intégration sociale et, en particulier de ceux âgés entre 25 à 44 ans (cible privilégiée pour les (re)mises à l’emploi), survient d’autant plus mal que les politiques de (re)mise à l’emploi par les CPAS sont à la traîne dans les trois régions du pays (voir graphique haut de la page suivante) :

- recul à un an d’écart au premier trimestre 2015 dans les trois régions du pays

- trois trimestres consécutifs de recul en Flandre

- tendance à la stabilisation depuis 2 ans dans les 3 régions.

On ne le dira jamais assez. Qu’a-t-on gagné avec cette politique ? En tout cas, objectivement, les personnes ayant perdu leur allocation d’insertion ont moins de chance de (re)trouver un emploi :

- celles qui dépendent désormais du CPAS se retrouvent dans une institution dont (globalement en tout cas), les moyens consacrés à la (re)mise à l’emploi se contractent (ou au mieux se stabilisent), alors même que le nombre de bénéficiaires du revenu d’intégration sociale augmente fortement

- ceux qui ne dépendent plus ni de l’ONEM, ni d’un service public de l’emploi régional et ni d’un CPAS se retrouvent par définition sans appui et, bien souvent, avec un recours plus difficile voire impossible à diverses possibilités de formation ou d’aides à l’emploi

- quant à ceux qui s’inscrivent comme demandeurs d’emploi libres inoccupés on peut douter qu’ils soient véritablement suivis aussi intensément que les autres catégories de demandeurs d’emploi.