Introduction

En 2014, nous avions publié une première étude portant sur les aides sociales complémentaires (ASC) en CPAS . Cette étude portait sur l’évolution des ASC de 2000 à 2010.
En résumé, elle montrait une croissance des ASC dans les CPAS wallons mais elle montrait également une différenciation dans la croissance en fonction des CPAS et en fonction de la « richesse » de la Commune. En moyenne, on pouvait observer que l’intervention des CPAS wallons, de 2000 à 2010 était de 21,7%. Mais il fallait ajouter, d’une part, que la croissance dans les plus grosses communes (31,3%) était plus forte que dans les petites communes (2,5%) et, d’autre part surtout, que les communes les plus riches voyaient la croissance atteindre le chiffre de 3,5% tandis que les communes les plus pauvres affichaient une croissance de 73,2%. Il y avait donc de quoi être interpellé car ce sont les communes les plus pauvres qui étaient amenées à intervenir davantage alors que ce sont elles qui avaient le moins de moyens pour ce faire.
Outre ce que nous avons dit plus haut des éléments statistiques contenant des erreurs à corriger (que nous avons corrigé avec les données officielles que nous avons pu analyser), il nous fallait vérifier si l’évolution constatée en 2014 se poursuivait ou s’il y avait une nouvelle tendance ?

Depuis cette étude statistique, à plusieurs reprises, certains CPAS nous ont demandé à obtenir une mise à jour des données. Puis, en juin 2019, lors d’une réunion au CPAS de Tournai, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait un intérêt réel à avoir un débat autour de la question des aides sociales complémentaires. En effet, celles-ci représentent assez clairement le fait que les CPAS doivent de plus en plus intervenir et, donc, par là, c’est le signe d’une forme de dégradation sociale qui s’étend et prend une ampleur sans précédent.
Ceci étant dit, cela nous semble essentiel de le préciser dès à présent, pour une grande partie des demandes, il ne s’agit pas d’une intervention pour des bénéficiaires du RI mais pour des citoyens qui sont soit dépendants d’une autre institution sociale (par exemple l’Onem), soit même qui travaillent (par exemple à temps partiel) tout en ayant un très maigre salaire et cela ne leur permet pas de subvenir à leurs besoins. Il y a donc bien dans le fait d’octroyer des ASC à une population, le plus souvent non RI, le signe d’une situation sociale qui s’aggrave pour bon nombre de citoyens. Mais nous le verrons également, les CPAS ne parviennent pas à faire face à l’ensemble des demandes et, à certains moments, sous pression, certains CPAS peuvent être amenés à faire le choix de ne pas aider les personnes en besoin. Tout comme cela pose une très sérieuse question d’égalité de traitement des demandeurs en fonction du CPAS auquel ils s’adressent, cela pose aussi une vraie question politique qui, certes, dépasse notre sujet d’étude ci-après présenté mais qui, néanmoins, devrait permettre aux décideurs d’entamer un débat sur la politique sociale menée et à mener dans notre société actuelle. En tous les cas, cette analyse pourrait servir de base à cette mise en débat.

Pour lire l’étude et la télécharger :