Sommes-nous engagés dans une nouvelle et importante révolution industrielle ? C’est ce que pensent un certain nombre d’auteurs qui prévoient des mutations considérables en matière de manière de produire, de relations au sein des entreprises et, bien sûr, d’emplois.
Ainsi, Klaus Schwab, le fondateur du forum économique de Davos, suggère que les progrès technologiques, depuis une vingtaine d’années, vont « brouiller les frontières entre les sphères physiques, numériques et biologiques ». Les innovations se succèdent à un rythme effréné : imprimante 3-D, voiture autonome, construction de plateformes digitales de gestion des fournisseurs, robotisation des tâches de services et d’assemblage…
L’impact sur les emplois risque d’être tout aussi énorme. De nombreux postes ont toutes les chances de disparaître dans les années qui viennent. Seront-ils remplacés par d’autres ? Une étude menée par deux chercheurs d’Oxford, Carl Benedikt Frey et Michael Osborne, annonce que 47% des emplois américains pourraient être éliminés par la nouvelle donne technologique. Mais l’OCDE a présenté face à cette perspective très pessimiste une vision alternative où seulement 9% des occupations seraient réellement menacés.
Il est clair que des bouleversements majeurs sont en œuvre. L’univers du travail devrait en subir les conséquences. Il est sans doute difficile de préciser jusqu’à quel point, étant donné que toutes les inventions ne sont pas terminées ou abouties. N’oublions pas qu’il y a vingt ans l’essayiste américain Jeremy Rifkin anticipait la fin du travail5 et que jusqu’à présent il n’en a rien été.
Notre démarche dans cet article ne sera pas d’estimer la réalité ou non d’une disparition du travail et de l’avènement des entreprises sans salariés, mais de la possibilité de son développement dans le cadre du capitalisme. En effet, celui-ci se développe à partir de l’exploitation des forces de travail. Comment peut-il continuer à progresser, alors que la recherche de la compétitivité et donc de la productivité pousse les entreprises à épargner toujours davantage de main-d’œuvre par quantité produite ? Lire la suite